Viens avec moi l'enfant

Viens avec moi l’enfant. Tiens bien serrée ma main.
Je marche vers demain depuis si longtemps déjà.
J’ai, pour toi, rêvé d’une vie empoudrée d’or,
de sourires aimants et de rires en éclat,
de danses dans les champs menées en farandoles par des fées jeunes et belles,
de chants en harmoniques au plein cœur du désert, au rythme du cœur des tambours des chamans,
de diamants scintillant sous un ventre de lune,
de fleurs en abondance,
de milliers de soleils et d’autant d’arcs en ciel,
de nuits d’allégresse et de matins caresse,
de corps souples et légers, compagnons de voyage,
de rivières murmurantes et d’océans profonds,
de rochers roux dressés sur des lacs d’émeraude,
de cascades dessinant de tendres enlacements,
de forêts habitées de petits peuples en paix,
de parfums de vanille, de musc, de benjoin, offerts à nos narines, comme un chant de la terre,
de fruits gorgés de doux pour étancher la soif,
de chaleur,
de tendresse.

Viens avec moi l’enfant et partage mon rêve.
Porte le vers demain. Mon temps se raccourcit pour raconter au monde mon rêve de la vie.
Mes toiles disent toujours la joie dansée des couleurs en alliance. Ma voix résiste au vent et au bruit menaçant qui gronde autour de moi.
Mon cœur saigne et pourtant il espère encore le jour où l’homme sera frère, où il sera plus précieux de partager que de s’approprier.
Mes yeux s’embrument plus souvent. Sans doute est-ce l’hiver qui envahit le monde.
Je ne suis que passeur. Une étincelle vive. Un souffle chuchotant de vieux contes de joie.
Je t’ai porté en moi. Tu as ouvert au monde ton regard pétillant. J’ai bercé tes chagrins et consolé tes nuits.
Je t’ai aimé enfin et je t’aime toujours.
Tu as ouvert mon cœur pour mieux t’y abreuver.

Viens avec moi l’enfant. Puisses-tu à ton tour rêver un monde beau où des fils d’or pur relieraient tous les êtres en une toile murmurante de tous leurs mots d’amour.
Puisses-tu connaître une ère de liberté où danserait la joie dans l’air pur du matin.

MC Novembre 2015