Lettres écrites, envoyées ou pas, des souvenirs, des joies, des peines...un peu de moi, autrement.

Petite conversation entre sœurs ce matin. Grande nouvelle : ma sœur est dispensée d'aller travailler jusqu'à nouvel ordre, je suis rassurée. Nous avons évoqué nos souvenirs d'enfance : une maison, un grand jardin agrandi de celui des voisins : il n'y avait pas de clôture. Les groseilles mangées sur le groseillier, encore chaudes, avec ce petit goût acide qui agace les papilles ; les feuilles d'oseille chipées à même le sol ; les cerises, les pêches toutes cueillies sur les arbres. Le cognassier au fond du jardin : nous avions...
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Je regarde mes photos sur facebook, la photo de couverture et ses quatre femmes, habillées de couleurs et de pétillance- on me dit que le mot pétillance n'existe pas, mais je m'en moque, savez-vous, j'ai gagné l'âge où l'on peut inventer des mots, se rire des règles (de toute façon, ça fait déjà des lustres que les règles on ne les a plus!), se moquer des compassés, des cons passant aussi, et des cons à venir pour faire bonne mesure- quatre femmes donc, gantées et chapeautées, maquillées qui plus est, et jubilantes...
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Depuis l'enfance, elle aimait les couleurs, les couleurs vives.À vingt ans, elle se confectionnait des jupes chamarrées, tricotait des pulls, des châles, d'inspiration suédoise, mariait sans vergogne le vert pomme d'un pantalon et l'orangé d'un gilet fait main.Et puis, elle le rencontra.Elle l'aima follement, il était si beau, et brillant qui plus est.
Mais elle était toujours aussi fofolle dans sa manière de s'habiller. Et lui était respectable. Enfin le pensait-il et elle aussi, pensez: chef de mission à l'étranger... Et elle,...
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De longues années durant j'ai travaillé pendant mes grandes vacances de prof, et fait des cauchemars quelques jours avant la rentrée. Préparer les cours nouveaux qu'une énième réforme imposait. Actualiser les cours de l'année précédente: l'actualité est toujours plus rapide que le contenu des pages des manuels scolaires. Chercher des vidéos pour illustrer mon propos. Mettre au point de nouvelles manières de faire réfléchir, travailler. Quant aux cauchemars, ils relevaient de cet inconnu des classes nouvelles, toujours renouvelées,...
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En ce jour souvenir de la naissance de mon père, j’égrène et les souvenirs et l’à-venir.Je ressens une fascination pour ce moment unique qui fit se rencontrer (et qui fait se rencontrer à chaque conception) un ovule et un spermatozoïde. Et ce n’est pas tant l’acte d’amour (dans le meilleur des cas) qui me fascine que cette entrée dans l’histoire de cette rencontre.Prémisses de l’entrée dans l’histoire car toutes les grossesses n’aboutissent pas- j’en ai fait l’expérience dans ma chair en perdant un bébé à six mois de grossesse.Oui,...
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J’ai eu la chance de grandir aux abords d’une grande ville. Mes parents avaient hérité d’une parcelle de terrain et y avaient fait construire une maison.J’ai eu la chance de grandir et d’assister aux saisons de la terre, de humer l’odeur de la terre retournée pour préparer les semailles, de voir sortir les jeunes pousses, de cueillir les fraises et les groseilles à ma guise, de me goinfrer de cerises, de pêches et de poires, d’observer les poules en train de pondre puis de couver. J’ai vu aussi mon grand père tuer le lapin et voir...
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C’était un soir de mai. Les petites filles étaient particulièrement agitées ce soir là. À trois dans la même chambre, elles rivalisaient de bêtises et de gloussements. Peut-être percevaient-elles les tensions entre les parents ? Mai 68 faisait flamber la France et le père était un militant très engagé.
Et ça chahutait dans la petite chambre.Plusieurs fois les parents avaient crié depuis la salle à manger qu’il fallait se taire. Mais les petites filles continuaient. C’est tellement drôle de rire, de sentir ces bulles de joie...
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Aller rejoindre un ami à République pour lui donner des clés. Arriver en avance. Marcher sur la place encore fraîche et peiner à imaginer être là, la nuit, debout, tant tout semble être comme immuable, la statue avec ses dates, 20 juin, 14 juillet, 4 août 1789…et le ciel si bleu, traversé de nuages, si blancs.Observer l’arrivée d’un groupe de bien plus jeunes que soi. Ils mettent de la musique. Ils ont l’air de danser, ensemble. A y regarder de plus près, il y en a un ou une juché sur la margelle de la fontaine qui encercle la...
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Quelques heures à Paris. Riches de présents. Riches du présent.Levée tôt pour arriver matin. De ma banlieue où bruissent les feuilles des arbres et pépient les oiseaux, le train pour gagner ce lieu d’hommes et d’histoire. Nous nous étions donné rendez-vous au Louvre. Rien que ça ! Devant la pyramide. Sans arrière pensée puisque nous nous rendions à l’expo Vermeer.
Le soleil se répandait en taches d’arc en ciel sur le parvis de la pyramide inversée.Vermeer. La lumière, le silence, l’attente. Un suspens plus serein que celui de...
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Il est venu s’installer chez moi, un jour de bel automne, le soleil enrougissait les feuilles.Le petit chat l’a suivi dix jours plus tard.Il est arrivé avec son grand sac de cuir fatigué. Le sac. Lui aussi. Si fatigué de vivre, de poser ses bagages le temps d’une accalmie ou d’une défaite annoncée pour les refaire encore et encore et se replanter quelques mètres plus loin. Comme les racines mises à nu sont blessées par le grand jour…Si fatigué d’être le terrain de jeux d’angoisses toutes plus violentes les unes que les autres....
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