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Empreintes à l'encre mauve
13 octobre 2014

Les clés - suite: épisode 2

Le jeune garçon se rendit donc chez le forgeron. Tout le monde le connaissait au village, sa forge rougeoyait et lançait des éclairs de feu lorsqu’il battait le métal de son marteau puissant

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Lorsqu’il arriva, il eut la surprise de constater qu’une bonne centaine de jeunes de son âge attendaient à la porte ; ils venaient d’un peu partout et, comme lui, rêvaient de conquérir le fameux trésor.
Il se dit alors que le forgeron ne pourrait pas s’occuper de plus de dix postulants en même temps.
Ils ne savaient pas très bien comment le forgeron allait les choisir.
Ils ne le surent jamais, mais on racontait que le forgeron savait lire dans les âmes au-delà des apparences – impossible de le tromper avec de beaux discours si la bouche qui les prononçait n’était pas sincère.

 Le jeune garçon, nous l’appellerons Benjamin désormais, fut néanmoins retenu avec neuf autres jeunes gens et jeunes filles.
Oui, des jeunes filles aussi, car en ce temps là, ce temps où la terre était encore un immense jardin fleuri, garçons et filles pouvaient librement partir en quête de trésors.
Le forgeron leur donna rendez-vous au petit matin d’un lundi, au tout petit matin d’un lundi, à l'heure où le soleil caresse tendrement de rose une terre encore ensommeillée.

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«  Que venez-vous donc chercher à mes côtés » gronda-t-il de cette voix de stentor qu’il avait développée pour couvrir le bruit de son marteau frappant l’enclume.
Un tantinet inquiets les jeunes lui dirent à l’unisson qu’ils voulaient apprendre à fabriquer des clés pour ouvrir la porte de la grande maison au fond du village, là, où disait-on il y avait un trésor.

« Très bien , je vais donc vous montrer comment fabriquer ces clés »

Il leur donna à chacun un balai de genêts, un de ces balais que Benjamin se souvenait avoir vus, adossés nonchalamment sur le mur de la maisonnette de la sorcière. Le forgeron leur demanda de nettoyer la cour, son atelier et même l’intérieur de sa maison ; ils s’y mirent tous, un peu désarçonnés par le démarrage de cette formation.
Le soir venu, il leur donna rendez-vous au petit matin.
Lorsqu’ils arrivèrent, le forgeron leur remit leurs balais et leur demanda de nettoyer la cour, son atelier et même l’intérieur de sa maison
Et ainsi de suite, la semaine durant. La semaine, samedi compris ; en ce temps là, au temps où la terre était encore un jardin ( https://www.youtube.com/watch?v=i_EOZorMgfs
en ce temps là donc, la semaine de travail s’étendait du lundi matin au samedi soir, et tout le monde le savait.
Mais pas en hiver, car comme la terre se met au repos en hiver, les bêtes et les hommes se reposaient aussi, réunis autour du feu, à écouter les vieux parler du temps d’avant le temps où la terre était un jardin et où l’on pouvait aller se promener dans les prairies du ciel en passant par l’escalier du fonds des âges.

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Le dimanche, ils dormirent fourbus, incapables qu’ils étaient d’aller danser avec les autres, ceux qui n’avaient pas été retenus par le forgeron.
Ils revinrent chez le forgeron le lundi au petit matin se demandant ce qu’il avait prévu.
Lorsqu’ils arrivèrent, le forgeron leur remit leurs balais et leur demanda de nettoyer la cour, son atelier et même l’intérieur de sa maison, puis il s’en alla travailler sur sa forge, cachant un petit sourire derrière sa longue moustache
Certains commencèrent à maugréer. 

Ceux qui s’occupaient de la cour convinrent de se retrouver le soir derrière le cimetière pour parler du vieux, comme ils l’appelaient déjà.

A la nuit tombée, auprès du cimetière, les langues s’échauffèrent : «  oui, il se moque de nous, on a déjà nettoyé toute une semaine, c’est propre chez lui, et il nous demande de recommencer, mais on n’est pas ses esclaves ; que croit-il ? qu’on va se laisser faire comme ça ? Il nous a promis de nous apprendre à fabriquer des clés, ça va durer longtemps le bagne ?

Benjamin était perplexe, très perplexe.

Le mardi matin, le forgeron leur remit leurs balais et leur demanda de nettoyer la cour, son atelier et même l’intérieur de sa maison…quelques jeunes refusèrent de travailler.
Bien fit le forgeron, vous allez rester là, et vous attendrez que les autres aient fini.
Ceux qui balayaient se sentaient ridicules, mais derrière la crainte que le forgeron leur inspirait, quelque chose leur dit qu’ils pouvaient lui faire confiance. Ils balayèrent toute la semaine sous le regard moqueur des autres et sous leurs quolibets.

Le troisième lundi, lorsqu’ils arrivèrent tous, certains à peine remis de leur dure semaine passée, le forgeron leur demanda d’aller chercher du petit bois pour alimenter son feu et reconstituer la provision qui s’était épuisée, suite à de nombreux travaux qui lui avaient été confiés.
Ils partirent dans les bois qui s’étendaient au loin derrière la maison et la forge du forgeron.

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Certains y croisèrent des dragons de bois.

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D’autres des dragons de pierre cachés sous des dehors bonhomme

S5034067L’un prétendit même avoir vu un dragon de chair et d’os; il avait vu ses oreilles dépasser de la haie et s’était enfui en courant.

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Il faut dire que les bois dans lesquels le forgeron les avait envoyés étaient des bois magiques, dans lesquels on pouvait surprendre les arbres en train de danser de curieuses danses….

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Ils revinrent à la nuit tombée, égratignés, chargés de lourds fagots.
Le mardi matin ainsi que les matins suivants, le forgeron leur demanda d’aller chercher du petit bois pour alimenter son feu et reconstituer la provision qui s’était épuisée, suite à de nombreux travaux qui lui avaient été confiés, puis il s’en alla travailler sur sa forge, cachant un petit sourire derrière sa longue moustache.

La patience de certains était mise à rude épreuve. Ils étaient en colère, et avaient le sentiment de perdre leur temps à accomplir des tâches qui ne leur serviraient à rien plus tard. Leur confiance envers le forgeron commençait à s’étioler et ils se demandaient s’il n’existait pas une autre solution, un autre moyen de s’emparer du trésor et des prérogatives qu’il allait offrir. Certains étaient envahis de cette horrible peur de croiser des dragons, de se perdre aussi et cette peur les pétrifiait, leur coupait le sommeil et l’envie de manger. Ceux-là commençaient à douter même d’avoir encore envie de se procurer le trésor.

Ils décidèrent de se retrouver le samedi soir pour partager leurs craintes et leurs colères et en tout cas, pour trouver une solution à leur désarroi.

A suivre...

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