Les gamins et la banquise
Longé le jardin du Luxembourg hier.
Une expo photos sur les grilles.
En nuances de bleu, de blanc, de gris, de noir.
La banquise.
Une tristesse s'est emparée de moi: ce qui est loin, nous l'oublions, ceux qui sont loin, nous n'y pensons pas.
Une goutte d'eau peut fendre un rocher.
Une graine peut percer l'écorce de la terre.
Ainsi nos actes ne sont pas anodins.
Aucun d'entre eux, même si nous n'en percevons pas les effets immédiats sur nous, autour de nous.
Nous agissons comme des gamins, pour beaucoup d'entre nous. Il n'est pas question de dire que les colères de la misère, de la précarité sont colères d'enfants gâtés. Il est question que chacun se sente responsable de ses choix, de ses actes, à commencer par les plus nantis d'entre nous, car les plus à même d'avoir l'esprit libre pour s'interroger....
Et puis, dans le train, un homme, un peu d'embonpoint, son chapeau vissé sur le crâne, une oreillette en place, sûr de son importance, parlant, parlant, un air pénétré de lui-même, de placements divers. Je n'écoutais pas, j'entendais. Et je regardais son visage. Je voyais en lui le petit enfant en ses jeux de stratégie, sa moue un peu boudeuse.
Se prendre au sérieux est la chose la plus détestable au monde. Et c'est de ceux-là qui se prennent au sérieux que le monde meurt. Et de nous aussi, chaque fois que nous nous prenons au sérieux pour les futilités de nos vies, de nos métiers.
Encre Mauve le 6 décembre 2018