La toile de l'instant
Les yeux peinent à voir.
Le miroir reflète la beauté.
Touches de cobalt sur treillis noir d'Ivoire.
Piqueté d'outremer évanescent.
Ocres d'or d'automne en taches de lumière.
Et ce bleu de Chartres à rendre jalouse la Dame de la Belle Verrière.
Se laisser caresser l'âme par cette toile mouvante, impressionnée, impressionniste.
Sentir qu'au-delà du Beau contemplé s'ouvre le silence des mots.
Accueillir, recueillie, cette ouverture.
La Beauté se manifeste.
Passerelle vers le non encore manifesté, vers un indicible, un inouï, qui se refuse à toute définition, tout enfermement.
La lumière caresse l'onde.
Les poules d'eau font des rondes.
Des anneaux flottent et caressent les rives en lents frémissements.
Un visage se dessine, fugae, sourire de l'ondin ravi d'être reconnu, salué.
Lignes de fuite constellées de saphirs.
Instants précieux, jamais saisis, juste embrassés.
Au seuil du silence, dans cet embrasement, se déchausser et tête nue, s'offrir.
Encre Mauve, le 5 novembre 2018