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Empreintes à l'encre mauve
1 octobre 2018

Il faisait beau, hier, si beau

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Elle me bouleverse.

Je l'ai croisée dimanche, nous allions chercher du pain. Je l'ai félicitée pour sa coupe de cheveux qui la rajeunit.

Elle s'est mise à parler, très vite, comme si elle avait peur que je lui coupe la parole. Je ne la connais pas plus que ça pourtant.
Elle m'a raconté sa joie de s'être achetée des vêtements pour le jour où elle va fêter ses 70 ans avec mari et enfants dans un joli restaurant de notre ville.
- Mon mari m'a donné de l'argent pour ça. Je n'aurais pas osé dépenser tout ça sinon. J'ai toujours peur de mon mari, vous savez.
Elle a demandé 200€. Il lui a octroyé 300€, mais pas plus, sinon, tu paieras la différence, a-t-il dit.

Elle a trouvé un joli ensemble et un manteau qui lui plaît infiniment.
- C'était le jour des Golden Days, vous savez, alors il y avait des réductions, sinon, je n'aurais pas pu acheter tout cela.

Et puis, sans transition, elle m'a raconté, sa fille et sa nouvelle maison, tous les travaux à réaliser, puis sa petite fille de 18 ans, en classe prépa littéraire. Elle est fière.
Elle ne les voit pas beaucoup : elle ne conduit pas, elle a peur de prendre les transports et son mari ne veut pas se déplacer. Elle le regrette, mais elle a peur toute seule, peur des attentats. Très peur.

Elle me confie aussi qu'elle est en dépression. Depuis des années. Elle est suivie par un psychiatre qui lui donne des médicaments. D'ailleurs, en ce moment, elle ne va pas très bien : «je dors mal, je parle trop vite » dit-elle, « et puis, je m'embrouille, je saute d'une idée à l'autre. Comme en ce moment, voyez-vous. Mon kiné le sait bien, il me reprend quand je m'éloigne du sujet que j'ai commencé ».
Et puis, j'ai du mal à marcher. Je fais de l'oedème, rajoute-t-elle.

Puis inquiète : « il faut que j'y aille, sinon, il n'y aura plus de pain. Et vous ça va ? Votre fils ?
Je raconte le fils, sa vie à Nantes, vite, pour ne pas la retarder.

Et puis nous nous quittons.
Je reste là, pensive, me disant en moi-même que ce n'est pas elle qui devrait se soigner.
Mais comment faire pour l'aider? Et dois-je le faire?
En son temps, je lui ai offert le livre de Marie France Hirigoyen, sur le harcèlement moral. Je pense qu'elle l'a lu. Mais rien n'a changé. Elle n'a pas su. Elle n'a pas pu.
Il faisait beau hier, si beau pourtant...

Encre Mauve

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