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Empreintes à l'encre mauve
21 août 2018

Tout est langage et fleur de langage

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Nous nous sommes parlés ce matin.
C’est la première fois que nous nous parlons et pourtant nous nous croisons tous les jours sur ce réseau social qu’on appelle facebook et ce depuis plus de dix ans.
Cet homme est une souffrance vive depuis son enfance martyrisée en passant par des maladies graves et des blessures invalidantes de l'âge adulte. Savez-vous que les douleurs sont encore plus fortes au plus sombre de la nuit?  C’est le moment où le taux d’endorphines est le plus bas.
Au moment où l’on sait, ou l’on imagine que les autres dorment, on est là, pris en tenailles par l’intensité de la douleur physique, de ces douleurs qui peuvent rendre fous.
Alors, il ne dort pas et il se lève matin, petit matin blanc gris et va arpenter la terre, respirant amoureusement ses odeurs familières, repérant les plantes, scrutant le ciel et ses premières lueurs, écoutant respirer les maisons, les hommes au loin et les fourrés, les bois.


La douleur est moins vive d’avoir un peu marché, mais elle est toujours là, chevillée à la moelle des os. Et il faut vivre chaque minute puisque la vie est là et qu’il faut l’honorer.
Alors, lui, l’enfant rebelle, l’enfant curieux continue son périple d’enfant étonné que la vie soit si dure pour lui, que les adultes puissent être aussi cruels que certains de ceux qui ont croisé sa route.
Il questionne le monde, il cherche, il lit. Beaucoup. Et son esprit, qui lui, n’est pas malade, contrairement à la chair de son corps, son esprit plonge dans la profondeur de l’être. Il a coutume de dire « Tout est langage et fleur de langage, tout est poésie et fleur de lumière, tout est Verbe », une phrase lumineuse qui m’évoque, je ne sais pourquoi, le poète René Char.
Comme beaucoup, il cherche le sens, la trame de l’histoire de l’humain, qui, comme lui, un jour s’est dressé en contemplant le ciel le coeur empli d’une question: « pourquoi? »
Il porte en lui tous ces humains debout, seul sur leur parcelle de terre, tête nue, regard perdu dans l’immensité.


Il m’a laissé ce cadeau, lui, humble parmi les humbles: « un jour, peut-être, nous comprendrons que l’autre c’est aussi nous », « le meurtrier, le pédophile aussi » a-t-il ajouté…
Oui, cette phrase je l’ai lue des dizaines de fois sur les murs des groupes dédiés à ce qu’il est commun d’appeler la spiritualité, répétée à l’envi en toute bonne foi, mais répétée avec la bouche, enfin ce qui tient lieu de bouche ici, les doigts posés sur un clavier. Je veux dire que c’est une phrase dont le sens n’est pas incarné par la plupart de ceux et celles qui la prononcent.
Ce matin, pour la première fois, j’ai senti qu’elle l’était. Ces heures de souffrance que cet homme vit depuis des années ne l’ont pas conduit à un repli amer qui pourrait s’ajouter à ce désenchantement que l’avancée en âge procure chez certain.e.s.
Au contraire, son coeur est grand ouvert.
Quelle leçon de vie...

Merci l'ami.

 

Encre Mauve, le 21 août 2018

 

PS La photo, je la lui ai piquée, c'est un peu de son coin de terre, quelque part en France; j'espère qu'il ne m'en voudra pas de cet emprunt

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