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Empreintes à l'encre mauve
24 février 2016

Cinquante nuances de bleu...

cinquante nuancesSous toutes les latitudes et depuis que l’homo est devenu sapiens, la structure du cerveau est identique pour chaque être humain. C’est ce que nous apprennent les neurosciences.
Ainsi, a-t-on découvert que le cerveau est découpé en zones, découpage plus ou moins plastique, mais identifiable à coup sûr chez chacun. Ces zones sont spécialisées dans des tâches différentes. Le lobe occipital par exemple est activé lorsque nous nous remémorons des images ou bien que nous les imaginons. Lorsque nous nous adonnons à des processus cognitifs complexes, tels que le langage, le raisonnement, c’est le  lobe préfrontal qui s’active, au centre du crâne. Ce lobe participe au  système limbique niché au cœur du cerveau.

Le rôle du système limbique ? Inhiber le fonctionnement de l’amygdale, une petite structure en forme d’amande, socle neurologique des émotions et du fonctionnement du système endocrinien, nos hormones.
Selon la nature des interactions que nous avons vécues dans l’enfance voire in utero, la protection de l’amygdale donc la gestion de nos émotions sera plus ou moins efficace.
De telle sorte que le même événement pourra être vécu avec angoisse, panique, colère, agressivité ou intérêt, amusement, indifférence par deux personnes différentes. Ceux qui n’ont pas été sécurisés dans l’enfance prendront l’événement comme un trauma. Les autres pourraient à la limite ne pas le remarquer.
La forme du cerveau dépend de la structure du contexte ou du vécu.

Pourquoi ce long exposé ? J’aurais pu aussi évoquer ce concert magnifique auquel j’ai eu le privilège d’assister, hier soir à la nuit tombée : les oiseaux s’activent mes amis, ils préparent le printemps et s’en font une fête. Ah ! l’amour toujours l’amour.
J’aurais pu aussi vous peindre les couleurs du ciel, dans ses cinquante nuances de bleu, lorsque s’efface le jour pour donner naissance à la nuit.
En fait, j’ai eu le plaisir d’écouter Boris Cyrulnik en conférence, au cours de laquelle il insistait sur la transmission à l’enfant du malheur vécu par la mère, pour expliquer comment certains enfants étaient plus mal armés que d’autres pour affronter les chocs de la vie.

Comment donc utiliser cette grille d’analyse fournie par les neurosciences pour comprendre le monde qui nous entoure ?
D’abord, et c’est fondamental, comprendre que les stress vécus par une femme enceinte, liés à la guerre, à la précarité, à un viol incestueux ou pas, se répercutent immanquablement sur l’enfant. Le dit enfant en grandissant n’aura donc pas possibilité de prendre le recul nécessaire s’il est, à son tour, soumis à un stress et se réfugiera dans la fuite ou dans l’agression.

Vous avez bien lu : guerre et précarité.
Guerre.
La terre est en feu, Centrafrique, Congo, Afghanistan, Syrie, Irak, etc. Des attentats ensanglantent le monde au cœur même des villes.
Quant à la précarité, elle se répand comme une lèpre. Elle n’a jamais cessé d’être dans certains pays les plus pauvres du monde. Mais elle grandit aussi en occident. C’est enfoncer une porte ouverte que de dire que les pauvres sont de plus en plus pauvres et les riches de plus en plus riches. L’observatoire mondial des inégalités (http://www.inegalites.fr/spip.php?page=presentation&id_article=577&id_rubrique=223) dresse un portrait très précis de cette précarisation qu’il associe à la montée du chômage.
L’humanité vit donc les conditions précises dans lesquelles les amygdales du cerveau ne sont plus régulées et laissent le champ libre, soit à la violence soit à la désespérance qui est une violence contre soi.

Or donc, une question lancinante s’élève en moi: est-ce ce monde dans lequel nous souhaitons vivre, dans lequel nous souhaitons que vivent nos enfants et nos petits enfants, tous ceux que nous aimons ?
Qui souhaite vraiment la paix dans le monde ? Qui souhaite que les êtres humains vivent heureux ensemble ? Ou plutôt pourquoi ne fait-on pas ce qu’il faut pour qu’une paix réelle s’installe dans le monde ?
Les tentatives libérales pour flexibiliser le fonctionnement de l’économie ont fait leurs preuves aux USA et en Grande Bretagne. Notre Europe libérale détricote sournoisement nos services publics en y introduisant des objectifs de rentabilité et en les ouvrant à la concurrence du secteur privé.
Rien n’est intégré à ces calculs économiques qui concerne l’humain.
Au contraire, la prise en charge des dépressions, via la vente de psychotropes accroît la richesse du pays, mesurée par le sacro-saint PIB. Il en est de même de la gestion du stress au travail, dans le privé comme dans le public, qui passe par la prise de médicaments ou de séjours en hôpitaux psychiatriques, mais certainement pas par la mise à plat d’un système scolaire ou médical dont les urgences consistent à gérer des flux et à atteindre des résultats quantitatifs.
Au niveau mondial, la vente d’armes est d’un profit juteux pour les pays qui s’y adonnent. La vente d’armes pour la mort fait, elle aussi, grossir le PIB, enrichit le pays. Même si de fait, médicaments ou armes, ce sont en réalité les actionnaires, propriétaires des entreprises pharmaceutiques ou Pourquoi souhaiteraient-ils qu’advienne la paix ?

Comment peut-on froidement observer ces comptes ?
Quelle peur ou quel mépris empêchent-ils de s’indigner lorsqu’on dirige une entreprise, lorsqu’on gouverne un pays, lorsqu’on place son argent dans une entreprise en en attendant le profit le plus élevé, le plus vite possible ?
Sont-ils tous psychopathes ? Insensibles aux souffrances et aux maux des autres hommes, aux maux de la terre, du vivant sur la terre ?
Ne sont-ils donc pas conscients de tout cet empilement de souffrances, de tout ce que cet empilement de souffrance recèle de violence potentielle ? N’ont-ils jamais fait l’expérience de l’élastique tendu à l’extrême et qui revient en gifle dans la face de celui qui le tendait ?
Comment peuvent-ils ignorer la structure de l’humain ? alors qu’il suffit d’écouter une seule vidéo de 45 minutes pour la connaître suffisamment pour comprendre les dégâts que notre société mondialisée inflige aux êtres humains.

Et si, au contraire, ils la connaissaient trop bien et se servaient de ce savoir pour mieux manipuler, pour mieux diviser pour régner ?
N’ont-ils pas, le soir, en se lavant les dents, puis en s’allongeant l’ombre d’une pensée pour cette marée d’humains qui souffrent dans leur chair, dans leur âme et qui feront souffrir à l’infini autant qu’ils auront souffert ?
Personne ne peut-il réaliser que c’est d’amour que manque l’homme avant même que de manger ? Le nourrisson que l’on ne touche pas, auquel on ne parle pas, ne se laisse-t-il pas volontiers mourir ?

Et s'ils prenaient le temps de contempler les bleus du ciel pour entendre les bleus à l'âme, au corps dont souffrent les autres, au lieu de nous fabriquer un monde de chiffres noirs sur écrans blancs, ceux de leurs comptes en banque?

 

MC Février 2016

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