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Empreintes à l'encre mauve
23 janvier 2016

L'instant

12575950_10207807765853288_250756781_nÉquilibre.
Il se tient sur sa petite planche. Il est petit lui aussi. On le distingue à peine tant les éléments imposent leur présence.
Ou bien est-ce la planche qui le tient.
Il va. Dans ce berceau de mousse dont les formes se font et se défont l’instant d’après. Si petit au sein de ces bras immenses. Mais il ne dort pas.
Il va. L’homme se tient sur l’eau. L’eau le tient. Ou plutôt c’est sa capacité à l’épouser au plus près de son mouvement qui le tient.
Il ne se tient pas. Marie se tenait debout aux pieds de son fils. Mort. Se tenir, c’est presqu’être comme s’arrêter.
Il avance donc dans l’inconnu parfait. Il se laisse porter.
Tout entier présent aux sensations, les pieds devenant oreilles collées sur la masse mouvante. Les yeux grands ouverts. Les bras en croix balancier. Le corps en mouvement permanent, en adaptation constante. Il danse. Uni à l’air et à l’eau, il danse. Il est danse.
Autour de lui, mais le perçoit-il vraiment, un enveloppement d’émeraude tendre, l’océan dévoilant sa tendresse dans ce pastel foisonnant.
Déroulements. Enroulements. La vague s’enspirale au gré du nombre d’or et s’illimite en minuscules gouttes.
L’air s’embue de l’élan de l’eau. L’eau s’élance dans l’espace, et se répand en voiles légers de mille gouttelettes.

L’homme porté par la vague avance sur sa courbe puissante, chevauchement, épousailles. Il se donne à elle, il se colle au plus près, dans le lieu précis où elle lui offre sa force, et où il peut se laisser porter vers l’avant, mû par la force transmuée en élan. Jeux de forces. La puissance de l’eau soulevée en arrondi majestueux, immense, devenue vitesse épousée par l’homme. Transformation.
Intelligence de l’homme dont le cerveau est au service unique du jeu avec l’eau et l’espace.
Engendrement.
S’il était resté sur la rive il ne l’aurait pas su, nous ne l’aurions pas vu.
À chaque instant, l’homme pourrait s’enfoncer, être balayé : il est minuscule. Il ne tient que parce qu’il est en mouvement, et qu’il épouse le mouvement de la vague sous lui. Merveilleuse parabole de la marche sur l’eau. Avancer dans la vie ne se peut que si l’on reste dans le courant, que si l’on combine sa propre écoute de l’instant aux forces qui le traversent. Toute résistance est vaine. Tout arrêt devient chute.

Se laisser porter. De manière active, totalement, pleinement, sans regard en arrière.
Et si le lâcher prise était tout le contraire d’une molle indolence, mais au contraire vivre au sommet de sa propre intensité. Seule condition pour être juste.
Vivre ce n’est pas s’arrêter.
S’arrêter c’est mourir. Se tenir immobile quelque part, vouloir poser sa tente au lieu ou au temps où le magique est apparu, c’est déjà ne plus vivre totalement,
puisque c’est un retour vers le passé dont on espère la récurrence.
Il n’y a guère que dans la méditation ou dans la posture du vide originel du chi kong taoïste que le non agir soit en soi une action. S’exercer au non agir, ce n’est pas se tenir dans une immobilité passive mais dans une présence totale à l’instant.
L’homme dans la vague est en quelque sorte dans le non agir puisqu’il ne peut qu’être dans une totale présence à ce qui est, faute de quoi, il tomberait.

Il n’y a pas d’endroit privilégié pour vivre, pas de conditions préalables.
Ce sont nos préférences qui nous le font croire.
On peut commencer ou recommencer maintenant. Là où l’on est, qui que l’on soit, quoi que l’on soit, en se donnant entier, avec ses forces, avec ses limitations, à ce qui se présente maintenant.

 

 

MC Janvier 2016

 

Grand merci à VIncent Lantignac pour m'avoir autorisée à utilser une de ses photos. Son site: http://vincentlantignac.fotoloft.fr/

 

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